Comme vous avez déjà dû en entendre vaguement parler, le festival d’Avignon pourrait ne plus exister dans la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. J’entends par là qu’il est possible que le festival prenne ses cliques et ses claques en quittant le cadre idyllique proposé par la ville, ses rues et son palais des papes. La raison principale de cette mauvaise nouvelle ? La poussée du Front National lors du premier tour des élections municipales. En effet, le parti d’extrême droite, dirigé par Marine Le Pen, a réalisé un score important et inquiétant avec 29,63% des suffrages recueillis. Une réussite pour le parti qui s’est même permis le luxe de se mettre dans la peau du favori en terminant devant le Parti Socialiste (29,5%). Très bien ! Mais en quoi cela concerne le festival d’Avignon en lui-même ?
« Je ne vois pas comment le festival pourrait vivre et défendre ses idées »
Et bien la réponse est relativement simple, comme le déclare le directeur de l’évènement, Olivier Py « Je ne me vois pas travailler avec une mairie Front national. Cela me semble tout à fait inimaginable. Je pense qu’il faudrait partir. Il n’y aurait aucune autre solution. Je ne vois pas comment le festival pourrait vivre et défendre ses idées ». Ce que veut nous faire comprendre le directeur c’est qu’il serait terriblement nuisible pour l’image du festival de retrouver les manifestations culturelles et artistiques, qu’il propose, dans une ville dirigée par le FN et le supposé racisme que l’on lui rattache (bien que Marine Le Pen tente, avec un certain talent, de manipuler l’opinion publique en lui faisant avaler que le parti de son si gentil paternel a évolué dans le bon sens depuis qu’elle le dirige. A d’autres…). La culture, on le sait, est une sorte de créatrice de liens sociaux qui permet également des mélanges ethniques, sociaux et culturels forts. Et c’est là, précisément, que le bât blesse puisque le FN n’est pas connu pour être friand de ce genre de mélanges ! Au final, comment réunir les idées unificatrices et antiracistes majoritairement défendues par la culture et le festival d’Avignon avec un parti d’extrême droite ?!
Le passé au service de la culture ?
Bon, que les fans se rassurent : en 2014, le festival soufflera sa 68ème bougie. Cela fait donc 67 ans qu’il se déroule dans la cité des papes et que rien ni personne ne l’en a délogé. Ensuite, autre facteur rassurant : le FN a certes recueilli 30 % des voix mais il reste 70 % de la population qui n’a pas voté pour lui… Même si le vote FN sera certainement un peu plus important ce dimanche 30 mars, lors du second tour des municipales, il y a de faibles chances que le parti se hisse jusqu’à la mairie. Nous avons déjà connu une situation similaire lors des élections présidentielles de 2002. Au premier tour, Jean-Marie Le Pen avait créé la surprise (ou la stupeur, c’est selon) en réussissant à se glisser jusqu’au second tour avec 17% des voix. Ce n’est pas pour autant qu’il l’a emporté ni qu’il a gonflé ses chiffres. Il sera finalement battu par Jacques Chirac qui réunira plus de 82 % des suffrages contre un peu moins de 18 pour son adversaire du FN. Olivier Py a donc prévenu mais il n’aura certainement pas à en arriver là. Sans compter que le festival compte énormément pour les habitants de la ville.
Le monde culturel derrière Olivier Py
D’ailleurs, le directeur ne manque pas d’admirateurs dans le secteur culturel. C’est notamment le cas de Jan Goossens, directeur artistique du Théâtre royal flamand de Bruxelles, qui admire le comportement d’Olivier Py « je suis très content qu’à des moments pareils les personnalités du monde de la culture adoptent des positions claires. J’ai beaucoup de respect pour ce qu’il a fait, parce qu’il a eu le courage de monter au créneau au lieu de rester assis et de se taire ». Une chose est sûre, le monde de la culture ne rendra pas les armes aussi facilement en cas de « scénario catastrophe ». Et vous, vous pensez que le festival d’Avignon ferait bien de prendre la poudre d’escampette en cas de victoire de l’extrême droite ? Ou, au contraire, devrait-il rester quoiqu’il arrive, coûte que coûte ? C’est à vous de jouer, de réagir. Pour la réponse définitive, nous saurons quoi dimanche dans la soirée !